Tia Hellebaut a été élue membre du Conseil d’European Athletics (Association européenne d’athlétisme) qui s’est tenu à Belgrade le 22 avril dernier. La championne olympique de saut en hauteur aux JO Pékin 2008 a récolté 36 voix lors du scrutin, décrochant ainsi la cinquième place. Elle faisait partie des 26 candidats à l'un des 13 sièges du Conseil. La durée de son mandat est de quatre ans.
Nous nous sommes entretenus avec elle quelques jours après son élection, en quête de sa réaction. “C'est un peu une nouvelle aventure pour moi. Bien sûr, je suis soulagée car cela reste une élection politique. C'était quand même excitant d'attendre et de voir si j'allais en être finalement. Je suis donc très heureuse d'avoir été élue. Quand on se présente à une élection, c'est évidemment pour être élue et non pas pour ne pas pouvoir être de la partie par après.”
Concernant la manière et l’idée de se porter candidate, voici ce que Hellebaut a déclaré: “J'ai été personnellement contactée par des personnes de World Athletics, mais ce sont les fédérations nationales qui peuvent proposer un seul et unique candidat par pays. J'ai alors contacté la fédération belge pour lui demander si elle pouvait proposer ma candidature. Ça s'est donc passé un peu en sens inverse, mais les gens de la fédération ont été très heureux de mon intérêt d’abord et de mon élection ensuite.”
Importance des ex-athlètes dans les instances dirigeantes
Avec une ancienne championne olympique parmi ses membres, le Conseil d'administration d'European Athletics peut compter dès à présent sur une solide expérience. “Il me semblait aussi intéressant de voir comment tout fonctionne au sein de l’instance dirigeante d'une fédération européenne car en tant qu'athlète, on ne se préoccupe pas vraiment de ce qui se passe en coulisses.”
Il est clair que les anciens athlètes peuvent apporter une contribution importante au sein des organes de direction. “Oui, et c'est d’ailleurs un point qu'ils avaient mentionné: "Vous venez vous-même de l'athlétisme, vous savez très bien ce qu'est l'athlétisme international, vous êtes encore assez jeune pour rester en phase et garder des contacts, vous n’avez jamais complètement quitté l’athlétisme. Vous n'êtes pas impliqué dans toute la sphère politique des fédérations mais c’est bien d'avoir l’input de l'autre côté également". Et c'est à ce titre que je me suis engagée: en tant qu'ex-athlète, comme quelqu'un qui peut voir les choses sous un angle différent.”
Hellebaut explique pourquoi relativement peu d'ex-athlètes accèdent aux postes de direction: “Je pense que le problème réside principalement dans le fait que les ex-athlètes ne savent pas. Nous, les athlètes, ne connaissons pas les tenants et les aboutissants d'une fédération et nous ne savons pas en quoi consistent les élections d’un conseil d'administration. C'est peut-être un point sur lequel je peux apporter ma collaboration dans les années à venir: montrer le chemin aux anciens athlètes ou aux athlètes qui viennent de terminer leur carrière et qui sont alors encore en recherche de projets, leur expliquer qu'il y a toujours aussi des possibilités de réaliser ou représenter quelque chose dans leur sport.”
L'égalité des genres au sein d’European Athletics
Pour Tia Hellebaut, il s'agit d’un premier mandat au sein de l'organe de direction d’European Athletics. “L'une des raisons qui m’a poussée à poser ma candidature est la thématique de l'égalité des genres. C'est un sujet dont on entend régulièrement parler tant au niveau européen qu’international: rechercher des femmes pour assurer une fonction au sein d’instances dirigeantes. Cela a joué un rôle en tout cas. Ensuite, deuxième critère: le besoin de renouvellement. Lorsque j'ai entendu cela, je me suis dit que je devrais peut-être essayer d'y faire un saut pour voir si c'était quelque chose pour moi. C'était un saut dans l'inconnu, je l'admets. Mais quoi qu'il en soit, en tant que femme en Europe, originaire d'un petit pays d'Europe occidentale, je trouve que c'est bien d’y être arrivée car en Belgique, il n'y a pas beaucoup de personnes à ce niveau. Il n'y en a eu que deux avant moi à European Athletics: deux hommes, le second était Wilfried Meert et son mandat a expiré en 1996.”
C'est la première fois qu’European Athletics applique des quotas relatifs à l'égalité des genres lors d’élections. “Je pense qu’il convient en première instance de fixer des quotas pour assurer l'équilibre. Il ne faut pas que cela bascule dans l’autre sens et il n’est certainement pas non plus nécessaire d'avoir des femmes au sein des conseils d'administration pour remplir un quota de femmes. Mais c’est indispensable, à mon avis, car cela permet d'envoyer un signal aux autres femmes qui peuvent alors se dire ‘ah oui, nous aussi, nous pouvons le faire’. Un équilibre au sein d'un organe de direction de ce type est toujours souhaitable. Ce n'est pas bon que le conseil soit composé uniquement d'hommes, pas plus qu'il n'est bon qu'il soit composé uniquement de femmes; rapprocher les idées, c'est précisément ça qui permet à une fédération d’être plus forte.”
“Qu'est-ce que je souhaite réaliser exactement dans le cadre de mon mandat? J'ai déjà plusieurs sujets en tête et je dois dès maintenant commencer à évaluer dans quelle mesure European Athletics est le bon canal pour cela.”
Le Team Belgium souhaite plein succès à Tia dans son nouveau mandat.