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L’égalité des genres est une priorité absolue pour le mouvement olympique. Pour le Comité International Olympique, "le sport est l'une des plateformes les plus puissantes pour promouvoir l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes et des filles". Le COIB a lui lancé en 2019 une plateforme Women & Sport qui veut faire tomber les barrières de genre dans le monde du sport tant dans les instances dirigeantes que sur les terrains. Ce combat a déjà été mené depuis de longues années par de nombreuses femmes qui ont fait avancer les mentalités. Retour sur 10 moments sportifs qui ont participé à la lutte pour l’égalité des genres. Dans ce cinquième épisode, retour sur les pionnières du marathon.

Episodes précédents : 1 – 2  - 34  

Les femmes ne pouvaient pas courir sur les distances allant au-delà de 200m aux Jeux Olympiques, et ce jusque 1960. C’est plus tard dans cette décennie que le marathon de Boston deviendra le point de départ de l’égalité des genres en athlétisme.

Le marathon de Boston est couru depuis 1897 et était depuis toujours une course exclusivement réservée aux hommes. Il n’y avait en fait aucune course de plus de 2,4km pour les femmes aux USA. En février 1966, Bobbi Gibb avait déposé sa canditature pour la course, mais le directeur de l’événement Will Cloney lui répondit que ‘les femmes ne sont pas physiologiquement capables de courir 42km ou plus, et en vertu des lois qui gouvernaient le sport international, les femmes n’étaient pas autorisées à courir.’

Mais Bobbi Gibb savait qu’elle en était capable puisqu’elle courait plus de 60km à chaque entraînement. Elle était donc déterminée à démontrer que l’organisateur se trompait. Sa mère l’a donc déposée au départ. Portant un gros pull à capuche,elle s’est mêlée aux autres coureurs pour prendre le départ. Les hommes autour d’elle se sont vite rendu compte qu’elle était une femme et lui ont dit qu’elle devait enlever son pull qui était trop lourd. Bobbi Gibb se souvient d’eux comme étant très amicaux et solidaires.

Elle a finalement franchi la ligne d’arrivée en 3h21.40 précédant les deux tiers du peloton. ‘Ça a été un point central pour l’évolution des consciences. Ça a changé la façon dont les hommes voyait les femmes et la façon dont les femmes se voyaient elles-mêmes. Ça a remplacé une fausse ancienne croyance par une nouvelle réalité’, expliquera-t-elle plus tard.

L’année suivant, Bobbicouru a nouveau de manière non officielle, mais c’est une autre femme qui fera les gros titres. Kathrine Switzer s’était enregistrée pour la course via les canaux officiels, en payant les droits d’entrée et en signant de son nom K. V. Switzer, comme elle le faisait toujours. Elle portait donc un dossard, contrairement à Bobbi Gibb, et cette jeune étudiante en journalisme de 19 ans commença la course avec un large soutien des coureurs autour d’elle.

Mais le directeur de la course, Jock Semple, était tellement furieux qu’il l’agressa après trois kilomètres de course, essayant de lui arracher son dossard pour l’empêcher de continuer. Le coach de Kathrin et partenaire d’entraînemantArnie Briggs essaya de la protéger, mais c’est son petit ami Tom Miller, un lanceur de marteau, qui chargea sur l’organisateur, le mettant KO. Malgré le choc et la colère, Kathrin Switzer a continué et fini sa course en 4h et 20 minutes.

Grâce aux actions de Gibb et Switzer, les femmes ont finalement été admises au Marathon de Boston en 1972. Kathrin Switzer couvrira les Jeux Olympiques de Munich 1972 en tant que journaliste et elle se battra pour faire entrer le marathon féminin aux Jeux Olympiques.

Elle continuera également à courir en parralèle, remportant le marathon de New York en 1974. Mais c’est surtout pour sa promotion de la course à pied qu’elle est connue. Elle lancera le Avon International Running Circuit et continuera son lobby auprès du CIO. Finalement, en 1981, le CIO vote pour que le premier marathon olympique féminin se tienne lors des Jeux de Los Angeles en 1984.

C’est l’Américaine Joan Benoit qui remportera la course, mais ce marathon est surtout resté dans l’histoire avec les images de Gabriela Andersen-Schiess, arrivant en titubant à la ligne d’arrivée, épuisée par la chaleur. Kathrin Switzer se rappelle : ‘J’ai eu peur qu’en voyant ça ils annulent l’événement. Qu’ils disent que les femmes ne peuvent pas courir un marathon.’ Des peurs infondées puisque la Suissesse récupérera en quelques heures alors qu’elle avait mis 6 minutes pour boucler le dernier tour de piste du Stade Olympique.

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